« Claude Le Bouthillier, dans une vie qu’il aurait voulu plus longue, a pourtant eu le temps de combler bien des trous dans notre mémoire collective. Son œuvre littéraire et historique a raconté autant notre Acadie perdue que retrouvée, autant nos misères que nos rêves. Il l’a fait avec honnêteté, grandeur et beauté. Je salue l’écrivain, le compatriote et l’homme que j’ai eu le grand bonheur de connaître et d’apprécier. »
Antonine Maillet.
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Cher Claude,
Je suis en France présentement et c’est la raison pour laquelle je ne peux assister à cette soirée et c’est très dommage car je suis certain qu’il doit y avoir plein d’amour autour de toi et l’amour est en définitive, la seule chose qui compte, la seule chose qui reste en tout cas.
La dernière fois où nous nous sommes vus c’était à l’occasion du Festival de poésie du Festival acadien où tu animais, avec toute la générosité et l’humour qu’on te connaît, une lecture où je participais en compagnie de France Daigle et Sylvain Rivière. Il semble d’ailleurs que nous nous sommes souvent, sinon toujours, rencontrés autour de la littérature et des mots et que cette dimension si fragile, et que certains pourraient dire si éphémères, soit devenue le centre et le bonheur de nos vies.
Il y a quelques semaines, lors d’une conférence qui a beaucoup fait parlé, je disais que notre faiblesse en tant que culture aura sans doute été notre manque à générer des histoires. Générer des histoires, c’est une dimension à laquelle tu as largement contribué car le travail du romancier, et Dieu sait s’il y en a peu, consiste à réinventer le monde, à lui donner une résonance dans les mots et à le conserver pour les générations à venir. Je voudrais te remercier pour cette persévérance à faire en sorte qu’il y ait ce genre de témoignage, qu’il y ait cette inscription dans le registre de la littérature et que ces mots continueront de circuler comme le vent d’une époque, d’un moment de notre histoire et de nos histoires.
Mon cher Claude, il y aurait des millions d’autres choses à dire mais je crois que je concluerais mon message en t’envoyant à mon tour plein d’amour et en te souhaitant tous les courages dans l’épreuve que tu traverses présentement. Le temps et la distance qui nous séparent ne sont rien comparés à ces mots si fragiles qui eux sont fait pour durer. Je dis toujours que les écrivains ont toujours le dernier mot car ils ont la bonne idée de l’écrire. Et c’est sans doute pour cette raison qu’il ne faut jamais cesser de nous écrire. À très bientôt.
Herménégilde Chiasson
Témoignage à Claude Le Bouthillier lors d’une soirée hommage le 14 septembre 2014
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